Le rapport de la commission parlementaire sur les maladies professionnelles dans l’industrie, publié de 18 juillet 2018, constitue un travail sérieux et quasi exhaustif sur cette question aussi importante que peu médiatisée.
On ne peut que partager les constats du rapport qui s’appuient sur un grand nombre d’auditions croisant le point de vue des partenaires sociaux et des experts en santé au travail et en prévention des risques professionnels. On regrette la faible représentation des préventeurs de terrain, notamment ceux issus du secteur associatif. Les cause macro-économiques et géopolitiques sont par ailleurs peu traités dans le rapport.
Du coté des recommandations, la délégation d’une partie des missions des médecins de santé au travail à d’autre acteurs est une voie déjà ouverte, mais on peut s’étonner qu’elle concerne quasi exclusivement les infirmier(e)s, alors que les TMS constituent la première maladie professionnelle et que les kinésithérapeutes ont une expertise reconnue dans la prévention des pathologies de l’appareil locomoteur et pourraient être d’avantage sollicités.
Face à ce constat, notre réseau associatif, qui regroupe 300 kinési-préventeurs, a pris depuis 20 ans l’initiative de développer les recherches, les compétences et les interventions en santé au travail, centrées sur la prévention des TMS, du risque physique et de la pénibilité.
Plusieurs centaines d’entreprise on fait appel à ces actions novatrices qui prennent en comptes les risques environnementaux mais également individuels (peu cités dans le rapport alors que l’enquête SUMMER et d’autres études ont montré leur importance).
Les évaluations de ces actions, conduites sur une dizaines d’entreprise pilotes et plusieurs centaines de salariés ayant bénéficié de ces interventions, sont encourageantes :
- Une réduction sensible des indicateurs ATMP, dans les collectifs concernés
- Les salariés déclarent, 2 ans après les interventions, que les actions ont amélioré leur qualité de vie au travail et leurs pratiques professionnelles.
- Les bilans locomoteurs comparatifs montrent une amélioration des capacités et une réduction des facteurs de risque personnels.
- 60% des propositions d’amélioration des conditions de travail formulés au décours de ces interventions sont mises en place par les employeurs, dans un délai d’un an.
Au delà des effets positifs sur la santé des salariés ces actions ont également un impact sur la performance des entreprises via la reconnaissance et l’implication des salariés, principes angulaires de nos interventions en entreprise.
Espérons que ce rapport contribuera à la visibilité de cette problématique et à sa prise en compte politique, économique et sociale.
Christian MEIGNAN, Vice Président de Kiné France Prévention, en charge de la coordination des programmes de santé au travail