Prévention « in » ou (et) prévention « out » ?
Sauf exceptions, les kinésithérapeutes ont réellement commencé à s’investir dans la prévention primaire vers les années 1985. Certains d’entre eux, sans doute déjà engagés dans une démarche de prévention « in », dans leur cabinet, mais se sentant isolés et souhaitant échanger sur cette expérience avec d’autres praticiens, ont choisi la démarche « out », c’est-à-dire celle qui les amenait sur le terrain de « l’Autre » (milieu scolaire, sanitaire et social, tertiaire, industriel) et à faire l’expérience de la pluridisciplinarité. Cette démarche de type anthropologique a été celle des CDPK et du CNPK jusqu’en 2006.
D’autres en sont restés à la démarche « in » de prévention primaire qu’ils ont développé avec des groupes.
L’article 13 du décret de compétences du kinésithérapeute lui reconnaît de larges compétences pour animer la prévention. L’article 12 lui reconnaît la possibilité de participer à des bilans d’ergonomie et à la recherche dans ce domaine. Mais, dans la démarche « out », c’est d’abord dans leur approche singulière de kinésithérapeutes praticiens qu’ils ont été tout de suite appréciés. Ecoute multisensorielle empathique, main rassurante et raccourci pédagogique, analyse gestuelle et posturale prenant en compte les caractéristiques personnelles et le souci de toutes les composantes du mouvement et de l’état de l’interligne articulaire, etc. Cela leur a permis de bien circonscrire la partie de l’ergonomie qu’ils maîtrisaient : « l’ergonomie de proximité ».
Ils ont vécu des expériences nouvelles et enrichi leurs connaissances (patrimoine gestuel et postural, connaissance des milieux et des gestes du travail) et leurs savoir-faire (en utilisant l’« observation participante » dont parlait l’anthropologue Malinowski). Ils ont ramené tout cela à leur cabinet et leur pratique s’en est trouvée changée. La démarche « out » a enrichi sérieusement la démarche « in » qui avait elle-même contribué fortement à la réussite de la démarche « out ».
Depuis 2006, le CNPK, à travers sa Commission scientifique, a travaillé sur le concept de « Rendez-vous préventifs chez le kinésithérapeute » qui sera peut-être demain l’activité principale du kinésithérapeute. A partir de trois de ces comités départementaux, il forme les kinésithérapeutes à cette nouvelle pratique. La démarche « in » va donc s’étoffer sérieusement.
Conclusion : s’investir dans un comité départemental de prévention en kinésithérapie est enrichissant non seulement pour son activité de thérapeute et de rééducateur mais pour celle de préventeur. Une expérience de bientôt 20 ans permet d’affirmer que la démarche « out » enrichit la démarche « in » et inversement, tant que le kinésithérapeute formateur préventeur « out » restera un praticien thérapeute et préventeur « in ».
Michel de Saint rapt